BIOLOGIE ET ÉLABORATION DU DEVIS DE TRAITEMENT
Dr. D. D. Faye, Entomologiste
GENERALITE
Les termites sont des insectes sociaux tout comme plusieurs espèces l’ordre Hyménoptère ou appartiennent les fourmis abeilles et guêpes. Il y’a environ 2.600 espèces et 281 genres de termites, tous de l’ordre des Isoptères (ailes égales ou semblables). Leur société est composée de reine, roi et des castes (reproducteurs, ouvrières et soldats) qui ont la capacité de consommer la cellulose dans le bois grâce à des protozoaires auxiliaires vivant en symbiose dans leur organisme. Les termites peuvent vivre dans le sol (souterraines) et se déplacer dans les tunnels qu’elles forment pour chercher la nourriture (bois) et retourner dans la colonie pour approvisionner la reine et le reste. Les termites ont un corps très sensibles au soleil, donc se dessèchent relativement vite, raison pour laquelle elles évitent cette chaleur et se déplacent dans des tunnels faits de terre et de salive.
Importance des termites
Dans son environnement, le termite est indispensable dans le recyclage de la matière organique composée de bois. Sans lui, des montagnes de bois et autres matériels riches en cellulose pourraient bien s’édifier â jamais. Mais dans les structures, il sorte de son cadre auxiliaire pour devenir un ennemi domestique à cause de la destruction dont il est capable sur les structures en bois. Aux USA seulement, les termites sont responsables de dégâts de milliards de dollars annuellement. Selon certaines statistiques, ils sont plus destructifs que le cumul des ouragans et incendies.
Identification
Il y’a différents types de termites basés sur leur habitat, activité et comportement biologiques : les termites obligatoirement souterrains, qui ont leurs colonies dans le sol, mais très visible à la surface: termitière des Macrotermes et des Coptotermes par exemples, très répandues en Afrique sub-saharienne. Cette première catégorie doit obligatoirement vivre sous-sol et à proximité d’une source de nourriture ; du bois. On trouve aux USA des termites du genre Réticulitermes et des Formosan coptotermes très voraces. D’autres espèces ne sont pas obligatoirement souterraines. Cependant, elles ont aussi besoin de cellulose (du bois) pour se nourrir. Elles vivent dans le bois, même si ce dernier est sec. De ce fait, on les appelle Termites du Bois Sec. Cette espèce est beaucoup plus difficile à contrôler, nécessitant un traitement systémique du bois non peint ou verni si possible avec des termiticides systémiques (qui peuvent pénétrer le bois).
A tort ou à raison les termites sont aussi connus le nom ambigu de «fourmis blanches». Cependant, elles ne sont pas des fourmis pour plusieurs raisons de taxonomie et de classification. En fait, et par ironie du sort, les fourmis sont les principales prédatrices des termites. Quelques caractéristiques de référence:
Description Fourmis Termites
Ordre Hyménoptère Isoptère
Métamorphose Complète : Œuf > Larve > Pupe > Adulte Hémimétabole : Œuf > Immature > Adulte
Antennes Filiforme; cassure et/ou sans club terminal Longiforme sans cassure
Ailes Inégales en longueur Égales en longueur et semblables
Tronc Cintré Non cintré
Nourriture Incapable de digérer la cellulose Capable de digérer la cellulose
Corps dur, tolère la chaleur. Tunnels Mou. Sensible au soleil. tunnels
Deplacement Sans tunnels extérieurs de la colonie Avec tunnels extérieur de la colonie
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Biologie
Le termite a un développement hémimétabole. Après éclosion, les petits ou immatures ressemblent morphologiquement aux adultes, mais ne sont pas sexuellement matures. Ils doivent passer des étapes de croissance successives (mues) avant le stade adulte.
Œuf >> Immatures >> Adultes
Pour comprendre la raison des opérations de traitements ci-dessous, une revue synoptique sur la biologie de ces termites souterraines est nécessaire.
Une colonie peut vivre très longtemps. Certaines reines macrotermes ont une longévité de plus de 25 ans. Ces reines ont une déformation morphologique très évidente et peuvent mesurer plus de 5-10cm de long. Dans des conditions favorables, elles peuvent pondre en moyenne 1.000 œufs par jour. Les différents castes sont dictés par la reine grâce a une sécrétion hormonale spécialisée. Les reproducteurs (mâles et femelles) sont des géniteurs pour initier une autre colonie durant l’essaimage. Les ouvrières sont toutes des femelles «castrées», donc incapables de voler pour se déplacer, ou reproduire.
Les ouvrières sont responsables de l’alimentation, donc construisent les tunnels si nécessaires pour aller chercher le bois, pour essaimer ou amener du terreau de construction. Une fois de retour, elles alimentent la reine et le reste de la colonie en faisant revenir la cellulose prédigérée dans la pièce buccale des récipients. Cette sorte de vomissement pour partager le butin avec la colonie est appelée trophallaxie. On retrouve aussi cette régurgitation chez les fourmis. La compréhension de ce comportement biologique aide dans la formulation des appâts, comme dans le cas des fourmis (lire article déjà en ligne). Les ouvrières aussi se chargent de l’hygiène de la colonie. Les soldats avec leurs mandibules transformés en véritables tenailles guerrières sont responsables de la défense et de la sécurité de la colonie. Elles sont aussi utiles dans l’identification, taxonomie et classification des espèces. Certaines espèces ouvrières émettent une substance toxique ou répulsive aux invasions et ennemis. Les reproducteurs ailés mâles et femelles, une fois la colonie bien pleine doivent sortir pour chercher d’autres lieux afin de commencer d’autres colonies. Ils sont souvent entraînés a la dérive par le vent durant le vol. Une fois atterris, ils se débarrassent de leurs ailes pour de bon et se suivent en paire pour trouver un lieu de copulation et future résidence. Dans quelques années (2-5ans), un autre essaimage aura lieu. Ainsi se perpétue l’espèce.
Méthodes de Contrôle / Gestion des Termites
- Pour l’opération Pré-traitement, le fait de traiter la surface sert à créer une barrière contre la traversée éventuelle de la termite pour aller au bois. Donc une couverture complète est nécessaire.
- Pour l’opération Post-traitement, la barrière de pesticide dans la tranchée ou injectée autour du périmètre permet aussi de contrôler les termites car pour accéder au domicile, la termite doit traverser la bande de pesticide en aller et au retour. Donc, s’expose au pesticide.
Dans ce cadre, certaines formulations à base d’acide borique en poudre mouillable (voir Timbor® et Boracare® dans le Net) sont aux USA des produits verts très utilisés.
Il y’a deux type majeurs de traitement:
I- Pré-traitement (avant construction)
Ce traitement qui est très généralement PRÉVENTIF est donc fait Avant que la fondation ne soit mise en place. Il consiste à traiter la surface à daller ainsi que toutes les tranchées qui y sont à raison de 2 gallons de mélange pour chaque 10 pied-carrés (7,57 litres/0,92 m2). Pour y parvenir, le traitement doit couvrir la surface en question et éviter de toutes opérations après traitement susceptibles de compromettre la surface traitée (voir croquis). Il faut mettre dans le contact de garantie que toute matière organique DOIT etre débarrassée des lieux. Ceci inclurait : planches de cadrage après le bétonnage, les piliers en bois enfoncés durant le cadrage, etc. Tout bois laissé dans le sol est une source sûre d’attaque. Une fois la maison construite, se débarrasser, de toute source de cellulose inutile. SetSen doit repasser pour inspecter et traiter autour de la fondation pour finaliser ce traitement. Ce traitement sera décrit dans Post-Traitement.
II- Post-traitement (après construction)
Ce traitement est soit PRÉVENTIF ou CURATIF. Dans tous les cas, le domicile est déjà en place.
a- Préventif si aucune infestation est notée, mais par souci de prévention. Mieux prévenir que guérir.
b- Curatif si une infestation est notée et qu’une intervention est nécessaire pour arrêter les activités des termites.
Le Post-traitement peut viser soit :
– Entier : tout le bâtiment (si l’infestation est répandue ou à la possibilité de se répandre dans plusieurs endroits).
– Partiel : une partie du bâtiment si l’infestation est bien localisée sans possibilité d’expansion.
SetSen peut donner son avi d’expert, mais le client (qui paie) à la décision finale. (Voir illustrations).
Technique de post-traitement
Cette opération est beaucoup plus laborieuse.
Si le périmètre du bâtiment n’est pas dallé, faire une tranchée d’environ 15,25 cm de large x 15,24 cm de profondeur tout autour du bâtiment, partout où il est possible et traiter la tranchée à raison de 4 gallons par 10 pieds linéaire (15,14 litres/3,05 mètres linéaires). Ensuite, remettre le sable dans la tranchée et traiter copieusement la surface jusqu’à environ 50 cm de part et d’autre de la tranchée.
Si le périmètre du bâtiment est dallé, faire des trous dans la dalle jusqu’au sol en dessous. Cette opération est possible avec l’utilisation de machine perceuse avant d’injecter le mélange (produit fini) à raison de 4 gallons par 10 pieds (15,14 litres/3,05 mètres linéaires). C’est comme injecter avec une pression de 25 psi (1,72 bars), et délivrer le mélange dans chaque trou pour une durée de 25 secondes. Ceci étant : 0,4gal/trou (1,5 litres/trou). Après l’injection, les trous doivent être hermétiquement bouchés en enfonçant par exemple du papier (ou petit caillou) dans le trou jusqu’à 2 cm de profondeur, avant de le remplir de ciment mélangé à de l’eau.
Dans certains cas et si possible (si on a pas affaire avec des briques solides, mais creuses), faire des trous horizontaux dans les endroits infestés pour y injecter le mélange là où il y’a du bois ou un potentiel d’infestation.
Note : Le termite peut rentrer dans une faille ou fente à épaisseur égale à celle d’une feuille de papier.
Voir Diagrammes.
Dans les constructions en dur comme au Sénégal où le bois est peu utilisé, les attaques visent surtout les portes, fenêtres, étagères, toitures et meubles en bois.
DEVIS ESTIMATIF AVANT TOUT TRAITEMENT
Un montant du coût du traitement (Pré- ou Post traitement) sera présenté avant tout traitement.
Étapes d’évaluation du coût
Elles consistent à faire le plan des lieux à traiter d’abord. C’est un diagramme simple avec des mesures précises ou objectives des lieux (voir les deux croquis). Souvent le géomètre a ces plans.
Pré-traitement est moins compliqué que Post-traitement car le traitement est directement sur le sol. Pas/ou peu d’injection. Par exemple : 250 m2 = 25×10 ou 5×50 (voir diagramme).
Aux USA, la majorité des produits insecticides destinés au traitement des termites ont des instructions de : 2 gal/10ft2 (pieds carrés) en surface et 4gal/10 ft (pieds) en post-traitement en injection et surface. Aussi, en général, un gallon (3,78 litres) de termiticide est dilué à 99 gal (374.22 litres d’eau) pour un mélange de 100 gallons total (378 litres).
Donc se basant sur ces instructions autoritaires, pour 250 m2, utilisant un termiticide américain, on aura :
Pré-traitement :
2 gal/10 pieds carrés = 7,57L/0,93m2. Donc, pour 250 m2, il faudra un mélange de :
(250 x 7,57)/0.93 = 2.035 litres.
Post-traitement :
4 gal/10ft : 15,14L/3,05m. Pour 25 x 10 ou 5 x 50 (la même dimension), le périmètre est : (25 + 10) x 2 = 35×2= 70 m. Donc : (15,14 x 70)/3.05 = 343.5 litres de mélange.
Pour la méthode ou l’approche à adopter au pays, je recommande ce qui suit :
– S’informer au niveau du marché formel sur la disponibilité des Termiticides (insecticides qui tuent les termites).
– Se rapprocher des formulateurs locaux comme SPIA, Senchim, des instituts de recherches, etc. Bien lire l’étiquette du produit pour respecter le dosage. Avoir une documentation pesticide à archiver.
– Se référer aux autres prestataires de services pour voir comment ils opèrent.
– Si nécessaire, me revenir pour exploiter les informations recueillies pour un protocole adapté.
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Dr. D. D. Faye
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