La Mouche Domestique. Pas Domestique! Dr. D. D. Faye, Entomologiste

November 5, 2015 Comments Off on La Mouche Domestique. Pas Domestique! Dr. D. D. Faye, Entomologiste
La Mouche Domestique. Pas Domestique!  Dr. D. D. Faye, Entomologiste

Quand il s’agit de cette espèce, l’adjectif «domestique» ne réfère pas à une domestication ou une cohabitation heureuse, mais une description du comportement domiciliaire de ce parasite (domus = maison en latin). La   mouche domestique   (Musca domestica), est l’espèce la plus commune et l’une des plus répandues sur terre. Certaines mouches de différentes espèces s’apparentent à la mouche domestique : la petite mouche domestique (Fannia canicularis) et la mouche charbonneuse (Stomoxys calcitrans) pouvant piquer. Dans le vieil ordre des Diptères où appartient la mouche, la spéciation date de l’ère cénozoïque, il y a 65 millions d’années.

Description

Je vous épargnerai la description de cet insecte bien connu et reconnu.  Notons seulement qu’elle est  de couleur grise avec quatre lignes noires le long du dos.  L’adulte mesure environ moins d’un centimètre avec un corps poilu.  En général, la femelle est plus grosse que le mâle.  Comme plusieurs insectes comme les libellules, abeilles, mantes religieuses, etc., l’adulte a deux yeux composés  de couleur rougeâtre (avec des milliers d’yeux simples appelés ommatidies. Ces yeux bien spécialisés aident à sauver cette bestiole des efforts d’écrasements fréquents. Toutes les mouches ont une seule paire d’ailes (d’où, son appartenance a l’ordre de Diptère – deux ailes). Comme substitution à la deuxième paire d’aile, elle possède deux balanciers ou haltères. A noter que les moustiques font aussi partie de l’ordre des Diptères.

Pour se nourrir, la mouche ne possède pas de mâchoires avec des dents, mais une trompe similaire à celle de l’éléphant qu’elle utilise pour aspirer la nourriture liquéfiée.  Si nécessaire, elle excrète un suc salivaire pré digestif pour aider à la liquéfaction de l’aliment.  Durant cette pré-digestion, la mouche souille nos aliments avec des pathogènes qui sont aussi abrités sur les six pattes, ailes et autres parties du corps. Elles vomissent également des matières partiellement digérées pour les réabsorber ensuite.

Biologie et comportement

La mouche domestique est un insecte à métamorphose complète. C’est-à-dire qu’elle passe par trois stades de développement avant le stade adulte :

Œuf >> Larve >> Pupe >> Adulte

La larve est plus connue sous le nom de magot ou asticot, très inféodé aux cadavres et autres matières organiques en décomposition.

La femelle pond environ 5 fois dans sa vie, produisant 500 à 1000 œufs. Les œufs sont de couleur blanche, dont l’éclosion a lieu en 24 heures pour donner des asticots (3-9mm) qui se nourrissent de la source où ils sont déposés.  Apres trois mues, les asticots cherchent un endroit frais et sec pour rentrer en pupe de couleur rougeâtre ou brune et d’environ 8 mm de long.

A la sortie de ce stade (émergence), la mouche adulte vit entre deux semaines à un mois. Après l’émergence, la croissance cesse. Si certaines sont considérablement de petite taille, ceci est la résultante d’une mauvaise alimentation durant leur stade larvaire.  Les adultes mâles et femelles deviennent réceptifs, donc peuvent copuler 36 heures après émergence. Ainsi le cycle est bouclé.
Les mâles sont territoriaux, défendant un certain territoire contre l’intrusion d’autres mâles. Comme tout autre insecte (sang froid), les mouches se reproduisent plus rapidement en temps chaud. Raison de leur réduction en temps froid où  ces bestioles hibernent dans le stade larvaire ou de pupe dans des lieux chauds protégés.

Pour un odorat fin et un goût affûté, la mouche se nettoie régulièrement les yeux avec ses pattes  antérieures qu’elle époussette en les frottant ensemble. La plupart des récepteurs (goût et odorat) sont reliés aux pattes.

La mouche dans la santé publique

Dans les milieux insalubres ou l’hygiène est peu bonne, les mouches peuvent même porter plus de pathogènes. Comme vecteur, la mouche est l’hôte de plus d’une centaine de pathogènes responsables de maladies graves : typhoïde, choléra, salmonelle, dysenterie bacillaire, tuberculose, l’anthrax ophtalmique et vers parasites.

Gestion des mouches 

Certaines couches de mouches domestiques sont devenues résistantes aux insecticides les plus communs. Ce fait déplorable est dû à l’utilisation abusive des insecticides, surtout par des prestataires peu avertis. Afin de mieux contrôler ces parasites, il est nécessaire de faire recours à la Gestion Intégrée des Nuisibles urbains (Lutte Intégrée – Integrated Pest Management – IPM).

Approches

Inspection /Identification     S’assurer du problème. Validation de l’inspection
Mesures/Action                     Proposition de méthodes idoines de gestion et exécution
Evaluation / Monitoring         Appréciation de l’intervention.  Stratégies préventives.
Education continue                Le client averti reste loyal à cause de la déontologie dans le service.
Mesures/Actions
  • Mécaniques et physiques :empêcher et/ou décourager tout habitat: salubrité, réparation des endroits susceptibles d’être des refuges (exclusion), privation de source de nourriture et d’eau. Utilisation de pièges (collants, appâts et aromatisants).
  • Education :la partie la plus essentielle dans ce programme de gestion du nuisible. Cependant, ne pas bourrer le client avec un langage pédant ou trop technique. Le technicien est là pour trouver une solution, et non pour juger le client. Etre sobre, savoir écouter et bien conseiller. Assurer le client que le problème à solutionner est souvent preuve de principes biologiques et nécessairement pas de sa faute.  Sous peu le client parlera le langage du technicien avec confiance, fierté et orgueil.
  • Traitement chimique :A présent, nous possédons une technologie de pointe dans le choix des pesticides. Les formulations qui sont les formes de présentations des molécules actives sont diverses et basées sur des modes d’actions précises : contact, inhalation, ingestion, répulsif, régulateur de croissance, anti-appétant, etc. Dans certaines conditions, l’utilisation combinatoire compatible de produits s’avère nécessaire. Certaines combinaisons sont sévèrement contre-indiquées : pulvérisation et placement d’appât par exemple.  Dans tous les cas, se référer au mode d’emploi sur l’étiquette qui est d’ailleurs la loi universelle qui régit l’utilisation des pesticides ou toute ordonnance.
  • Traitement biologique :Dans cette option, des organismes auxiliaires (champignons, bactéries, insectes et autres organismes prédateurs) sont utilisés pour lutter contre le nuisibles. Un exemple très courant est l’utilisation de la couche bactérienne de Bacillus thuringiensis variété israliensis dans les traitements des larves de moustiques en milieu aquatique.
Votre expert serviteur à SetSen
Dr. D. D. Faye

 

 

 

 

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